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Ratio du poids cavalier / cheval

Au Printemps 2013, les recherches du Duchy College (au Royaume-Uni) a suggéré que de nombreux cavaliers étaient trop lourds pour leurs chevaux. L’étude reposait sur une affirmation selon laquelle un cavalier devrait idéalement peser 10% du poids de son cheval. 

Si un cheval pèse 500 kg alors le cavalier idéal pèserait 50 kg, ce qui n’est pas exactement un objectif réalisable pour la plupart des adultes. Mais avant de réserver l’équitation uniquement aux enfants et jockeys, ou de partir à la recherche d’un Shire, regardez la recherche de plus près.

L’étude a collecté des données sur des cavaliers et chevaux au Royaume-Uni, destinées à servir de point de départ pour les recherches. Les chercheurs ont examiné les cavaliers avec ce qui est considéré comme l’Indice de Masse Corporelle (IMC) sain. L’enquête à révélé que ces cavaliers représentaient entre 14,2 et 16,6 % du poids de leur chevaux.

Alors, d’où vient ce chiffre de 10% ? Les chercheurs ont utilisé des chiffres fournis par un praticien de l’industrie comme base d’échelle. Selon cette source, un poids corporel de 10% du cavalier par rapport à son cheval est le ratio optimal, et 15% est satisfaisant. Si le cavalier atteint 20% il serait considéré comme trop lourd pour son cheval. Les 10% des statistiques ont été publiés de façon quelque peu sensationnaliste, même si l’étude admettait les 15% comme corrects. Pourtant, ces histoires ont amené en lumière une question importante. Alors que le taux de surpoids et d’obésité grimpe, mettons-nous le bien-être de nos chevaux en danger ?

Qu’est ce qu’on appelle « trop lourd » ?

L’une des recommandations les plus fréquemment citées sur les chevaux et les cavaliers proviennent d’un manuel des Etats-Unis. Il recommande que le cavalier ne pèse pas plus de 20% du poids de son cheval. Attention à inclure le poids de la selle également dans ce calcul ! Ces normes reposaient sur des opinions de cavaliers militaires à l’époque, et des études scientifiques plus récentes les soutiennent.

La recherche de l’OSU (Ohio State University) publiée en 2008 a mesuré le stress et la douleur chez les chevaux avant, pendant et après l’exercice, qui ont porté 15, 20, 25 et 30% de leur poids. Les chevaux ont effectué une séance de 45 minutes pour reproduire une leçon d’équitation. Des poids en plomb ont été ajoutés de chaque côté de la selle pour atteindre le poids total nécessaire. La douleur musculaire une fois que le poids porté avait atteint les 25% s’est manifestée, et a augmenté de façon significative à 30%. Avec ces poids, les chevaux ont également présenté une fréquence cardiaque et une température corporelle élevée par rapport aux séances avec des poids de 15 et 20%. Ces résultats semblent donc en adéquation avec ceux au dessus.

Karen Wimbush, Docteur en philosophie et professeur à l’OSU a été l’un des chercheurs qui ont mené l’étude de 2008. Elle dit « Le cheval qui porte plus de poids, fait plus de travail. C’est de la physique simple ».

Les cavaliers de l’étude de l’OSU étaient des cavaliers expérimentés. Les chevaux ont encore montré un stress accru et des signes de douleur lorsqu’ils portaient plus de 20% de leur propre poids. Toutefois, Wimbush pense que la compétence et l’équilibre du cavalier sont plus influents que son poids quand il s’agit de confort du cheval.

 » Sans aucun doute, un cavalier calme et en équilibre cause moins de stress et de douleur au cheval qu’un cavalier déséquilibré et agité. Le poids du cavalier est un facteur à prendre tout de même en compte comme l’indique l’étude. »

Parler de poids corporel du cheval par rapport a ce qu’il peut porter peut paraître trop simpliste. Est-ce qu’un Pur-Sang et un Quarter Horse de même poids peuvent porter la même chose ?

Un jeune cheval avec peu d’expérience sous la selle sera comparable à une personne n’ayant jamais couru et partant sur un marathon pour la première fois. Même une petite quantité d’exercice leur laissera des douleurs pendant quelques jours. De même, un cheval senior ne sera pas en mesure de supporter la même quantité de poids que quand il était plus jeune.

Une paire d’études réalisées en 1996 et en 1999 a examiné des chevaux qui ont participé à une course d’endurance de 160 km en Californie. Les chercheurs ont étudié le poids corporel et l’état des chevaux qui ont commencé la course sur 3 années différentes, et la quantité de poids qu’ils portaient. Au cours des deux études, l’état corporel des chevaux s’est avéré être le plus fort indicateur de la réussite, et non le poids à porter.

En utilisant le système de notation qui évalue l’état corporel des chevaux de 1 à 9, les chercheurs ont trouvé que les chevaux étaient plus susceptibles de terminer la course s’ils avaient une note d’évaluation proche de la meilleure condition. A noter que la plupart des chevaux sont des athlètes d’endurance, dont le score n’a pas dépassé les 5,5. Les chevaux en surpoids ou obèses n’ont pas terminé la course. Peut être pas étonnant pour certains, sur les 3 courses, un cheval ayant obtenu une note de 3 (mince) a terminé sa course.

La plupart d’entre nous ne demanderont jamais à notre cheval de parcourir 160 km dans une journée, mais ces résultats sont intéressants à connaître pour les propriétaires de chevaux. Il faut considérer l’état corporel comme un facteur majeur pour savoir s’il est montable ou pas. Un cheval qui manque d’état peut ne pas être capable de porter un cavalier qui est compris dans son pourcentage idéal.

Il peut sembler que votre cheval se porte bien même si on lui demande de porter plus de 20% de son poids. Alors pourquoi s’inquiéter ?

Les chevaux peuvent travailler même en présence de douleur, parce qu’ils ont été élevés et formés pour le faire. Même quand ils présente une douleur ou une boiterie, il est quasiment impossible de faire le lien avec le poids du cavalier. Beaucoup de chevaux qui portent un % de poids idéal pendant des années deviennent mystérieusement boiteux, et d’autres qui portent un % de poids présumé excessif semblent sain pendant des années avant que les problèmes n’apparaissent.

C’est aux cavaliers d’être honnêtes avec eux-mêmes, et sur ce qu’ils demandent à leurs chevaux. Ce n’est pas parce qu’un cheval semble bien aller qu’il n’est pas « surchargé ».

Une question de poids

Le poids du cavalier est un sujet délicat. D’un côté, il est légitime de craindre que nos modes de vie nous conduisent à des poids malsains. Les cavaliers ne sont pas exempts de cette tendance. D’autre part, il est difficile de séparer les préoccupations légitimes concernant le poids du cavalier, de l’obsession superficielle de maigreur. Le monde du cheval en Amérique a une grande population de filles et jeunes femmes qui aiment les écuries comme lieu de répit du monde extérieur. Évoquer le poids du cavalier ajoute des pressions et peuvent causer des problèmes d’estime de soi et de troubles de l’alimentation.

Mais pour les cavaliers, ce problème doit être vu a travers le « filtre » du bien-être de leurs chevaux, en premier lieu. Cela ne signifie pas que des personnes en surpoids ne peuvent pas monter à cheval. Cela signifie qu’ils doivent être réalistes et monter des chevaux adaptés en taille et en poids, ou prendre les mesures qu’il faut pour perdre du poids pour continuer de monter (bien qu’il y ait un milliard de choses intéressantes et enrichissantes à faire sans forcément monter sur le cheval).

Conclusion

Il est important de prendre plusieurs paramètres en compte : l’état corporel du cheval, son poids, le poids et le niveau d’équitation du cavalier, et le poids / adaptabilité du matériel (selle). 
A partir des études citées plus haut, nous pouvons en conclure qu’il ne faudrait absolument pas dépasser les 20% du poids du cheval. Mais, pour un ratio convenable, je pense qu’il ne faudrait pas dépasser les 17%, et qu’un ratio compris entre 10 et 15% est réellement idéal.

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Traduction du texte de Leslie Potter, Horse Channel.

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